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Il y a 100 ans, Elsie devenait propriétaire de la villa Estevan

2018-10-30

Ce mois-ci marque le 100e anniversaire de la prise de possession de la villa Estevan par Elsie Reford. C’est en octobre 1918 (le 4 octobre pour être précis) que George Stephen donna sa propriété de Grand-Métis à sa nièce. Stephen était très généreux envers ses nombreux neveux et nièces, offrant à chacun un cadeau en argent (sous forme de titres du Great Northern Railway) à l’occasion de leur mariage et constituant une fiducie leur permettant de jouir d’une liberté financière.  Le « berger millionnaire », comme était parfois nommé Stephen, était sorti de la pauvreté en Écosse pour devenir l’un des hommes les plus riches du monde. Il croyait qu’il fallait aider sa famille, mais pas trop, craignant que la richesse ne mette fin à leur volonté de travailler.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 


Photo : Villa Estevan, vers 1960 - Photographe inconnu - Collection Les Amis des Jardins de Métis


Ce don offert à Elsie Reford changera sa vie… et celle de la région pour toujours. Moins de dix ans après être devenue la propriétaire du domaine, elle s’est lancée dans la conception et la construction de ses jardins (aujourd’hui connus sous les noms de Les Jardins de Métis et de Reford Gardens), a agrandi la villa Estevan et vendu les chutes de la rivière Metis à un entrepreneur local, Jules Brillant, fondateur de la Compagnie du Pouvoir du Bas-Saint-Laurent, permettant l’électrification de toute la région.

Photo : Grand-Métis, 1901, Wm. Notman & Son, VIEW-3410, Musée McCord


Le don de Stephen à Elsie Reford était « inter vivos », une donation entre vifs, et non un héritage. Ceci confirme que Stephen était impatient de voir sa nièce reprendre la villa, le domaine et la rivière qu’il possédait depuis 1886. Stephen était un pêcheur enthousiaste. Il avait acheté la rivière et le domaine donnant sur la rivière Metis et le Saint-Laurent afin de profiter de son passe-temps favori. Cependant, après avoir été nommé à la chambre des lords en 1891, pour devenir Lord Mount Stephen, il s’installa en Angleterre et revint que rarement au Canada. Sa dernière visite sera en juin 1894, pour assister au mariage de sa nièce Elsie à Robert W. Reford. Il en profita pour y passer ses derniers jours de pêche sur la Metis. À sa mort, en 1921, Stephen laissa toute sa succession à des causes médicales, dotant ce qui est aujourd’hui le King’s Fund, une organisation caritative indépendante qui œuvre pour améliorer la santé et les soins en Angleterre (https://www.kingsfund.org.uk/about-us).

Photo : Elsie et son oncle George Stephen dans le bureau de ce dernier, à Brocket Hall en Angleterre, vers 1910 - Photographe Robert Wilson Reford -Collection Les Amis des Jardins de Métis


Elsie Reford faisait partie des membres de la famille et des amis à qui Stephen avait permis de pêcher à Estevan, au fil des ans. À partir de 1904, elle figure parmi les utilisateurs les plus fréquents et partage l’endroit avec les autres pêcheurs de la famille et les invités de Stephen, dont son avocat de New York, John W. Sterling. C’est la mort subite de Sterling dans la villa Estevan, le 5 juillet 1918, qui a probablement amené Stephen à faire don de la propriété à Elsie Reford. Née Mary Elsie Stephen Meighen en 1872, Elsie Reford était la fille de la sœur cadette de George Stephen, Elsie.




Photo : J.W.Sterling, 41po et 361/2lb. Poisson tué par J.W. Sterling, été 1906 - Photographe inconnu - Collection Les Amis des Jardins de Métis


Elsie Reford a reçu en don la villa Estevan et son contenu, une propriété située du côté est de la rivière Metis, mais aussi du côté ouest (aujourd’hui le Parc de la rivière Mitis et s’étendant jusqu’à la propriété occupée par l’Institut Maurice-Lamontagne) et le très important « droit de pêche » dans la rivière Metis. L’acte de donation de 26 pages décrit chacune des propriétés acquises par Stephen le long de la rivière pour la pêche. Alors que la majeure partie de la propriété avait été acquise par le juge Ulric-Joseph Tessier de Rimouski (20 000 $ en 1886), Stephen avait acheté les parcelles de terre et les droits riverains qui les accompagnaient au cours des décennies suivantes. De cette manière, il ne jouissait que de la rivière et de ses bassins à saumons, bien qu’il ait permis à plusieurs agriculteurs (décrit en détail dans les titres) « le droit d’abreuver leurs animaux dans la rivière en cas de besoin, sans toutefois leur permettre de rester sans surveillance… ».

Comme le prévoyait la loi québécoise, Elsie Reford (l’acte la décrit comme étant Dame Mary Elsie Stephen Meighen, Dame de Grâce de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Angleterre) n’a été propriétaire qu’après avoir été « dûment autorisée » par son mari d’accepter. La loi québécoise exigeait à cette époque l’approbation du mari pour posséder des biens. Elle a été propriétaire du domaine jusqu’en 1955, année où elle l’a cédé à son fils aîné, le brigadier R.B.S Reford. Il a à son tour vendu la propriété au gouvernement du Québec en 1961. Aujourd’hui, ses jardins appartiennent à Les Amis des Jardins de Métis, un organisme de bienfaisance qui préserve l’héritage centenaire d’Elsie Reford depuis 1995.

Pour plus d’informations sur Elsie Reford et l’histoire de la villa Estevan, consultez l’exposition « Histoires de pêche », sur le site du Musée virtuel du Canada, http://www.virtualmuseum.ca/virtual-exhibits/exhibit/fish-stories/.