Le Festival international de jardins est le plus important festival de jardins contemporains en Amérique du Nord. Chaque année, il reçoit plus de 200 propositions de projets provenant de plus de 40 pays. En 2021, 70 000 visiteurs ont découvert en toute sécurité les installations du Festival.
Adaptation, thème de la 23e édition du Festival international de jardins, ouvrira nos yeux sur le spectre de changements qui s’opèrent autour de nous et nos interactions avec lui. Les cinq projets sélectionnés s’ajoutent aux jardins actuels afin de composer un musée à ciel ouvert, proposant ainsi un parcours d’installations en plein air.
Depuis sa création en 2000, plus d’un million de visiteurs ont été touchés et inspirés par près de 200 projets innovateurs. Servant de canevas de création où tout est possible, le Festival a inspiré bon nombre d’architectes et architectes paysagistes à développer de nouvelles façons de percevoir et de concevoir l’espace public.
PORTE BONHEUR
En temps normal, considérée comme le point de départ de l’aventure quotidienne, la porte est devenue, malgré nous, notre horizon pendant de longs mois : notre élément commun de séparation au reste du monde.
Le projet propose une forme de rite de passage, entre réalité et virtualité, où il s’agit de réapprendre à oser franchir les portes, pour aller dehors et retrouver le goût de l’émerveillement face à la nature. Une renaissance par un jeu subtil d’anamorphose, où la porte, marqueur quotidien du confiné, se virtualise et finit par disparaître au fur et à mesure que le visiteur chemine, au profit d’un nouvel horizon. Un horizon naturel, paisible et bienfaiteur, car oui, à n’en point douter, la magie est dehors.
Laura Giuliani – paysagiste-conceptrice associée chez CHAMP-LIBRE David Bonnard – architecte, fondateur chez HYTT Architecture Amelie Vale – artiste plasticienne
Nos différents parcours et expériences professionnels, en tant qu’architecte, paysagiste, graphiste et artiste, ont créé des occasions de rencontres et d’échanges sur des sujets qui nous passionnent et qui nous tiennent à cœur. Forts de nos constructions personnelles, nous avons choisi de confronter, au travers de la question des terrains de jeu, nos différentes approches sensible, éthique, durable, responsable et sociale du paysage et plus précisément du jardin.
Lyon, FRANCE
OPEN SPACE
Open Space est un lieu ouvert – de manières figurée et littérale. Les murs d’une maison archétypale tombent pour dégager un plan libre aux possibilités infinies. D’un coup de baguette magique, les éléments domestiques côtoyés au quotidien – portes, escaliers, fenêtres et murs – se dotent de nouvelles significations : on marche sur les murs, on laisse pendre ses pieds dans la porte, on jase autour de l’escalier, on s’assoit sur la cheminée. La maison, présentement symbole de confinement, redevient un lieu amusant, sécuritaire et familier où il fait bon rêver. Avec un peu d’imagination, la magie est partout.
Legaga, c’est le nom du fichier partagé dans lequel s’accumulaient tous les projets extrascolaires réalisés lors de notre parcours universitaire. Aujourd’hui, il nous rappelle le plaisir candide et constant que nous éprouvons à créer ensemble. Chaque projet est vu comme une occasion idéale afin de déjouer nos a priori et de renouveler notre échange avec le public. Nos projets exploitent les possibilités et qualités singulières de ce qui nous entoure déjà.
Québec, CANADA
CHOOSE YOUR OWN ADVENTURE
En pleine pandémie mondiale, causée en partie par le réchauffement climatique et ses effets indéniables sur tous les organismes vivants, combattre les changements climatiques en changeant la relation toxique que nous entretenons avec les organismes vivants et autres éléments de la nature, dont la terre, l’eau, l’air, les plantes et les animaux, s’avère crucial. Repenser notre rapport à la nature, après avoir vécu en confinement, peut s’amorcer avec l’appréciation de phénomènes naturels : le vent qui souffle, l’écorce mouillée, l’ombre musquée, l’air sec, une odeur florale, une pierre chaude, le gravier qui crisse… Le jardin remet en question les images fixes publiées sur le Web qui rappellent le pittoresque du 18e siècle. Malcolm Andrews disait que les touristes à la recherche de paysages parfaits tentaient de les figer, tels des trophées, afin de les vendre ou de les accrocher aux murs de leur salon (alias Instagram du 21e siècle!). Toutefois, un paysage ne se reproduit jamais deux fois; voilà pourquoi son manque de fixité et ses expériences hyper sensorielles sont mis en évidence par cette simple matrice que forme le jardin. Les bandes de plantation est-ouest intersectent les bandes nord-sud composées de matériaux durs. CHOISISSEZ VOTRE PROPRE AVENTURE – sentez, touchez, écoutez, goûtez et regardez.
Chris Liao Noemie Lafaurie-Debany Javier Gonzalez-Campana Simon Escabi Cristina Preciado
Balmori Associates, Landscape and Urban Design est une agence paysagiste urbaniste expérimentale qui explore la ligne entre le paysage et architecture, et entre la nature et la culture. Le paysagisme est aujourd’hui une discipline, un art. Nous aspirons à le représenter sous diverses formes artistiques. Il est multidisciplinaire, tout comme notre équipe. D’une grande importance pour le public, il joue également un rôle majeur dans la lutte aux changements climatiques. En ce sens, nous développons de nouvelles stratégies issues de l’interaction entre l’eau, la terre, les plantes et les organismes vivants.
New York, ÉTATS-UNIS
MIROIRS ACOUSTIQUES
Le miroir acoustique est un dispositif passif qui réfléchit et concentre les ondes sonores. Lorsqu’on se trouve au point focal, l’ensemble de l’univers acoustique est concentré, créant l’illusion qu’on se trouve à proximité des différents éléments d’où émanent les sons. L’installation est composée de deux paraboles (antennes recyclées en aluminium) plantées dans le sol. Installées dos à dos, l’une pointe vers le site du festival, un milieu anthropique, et l’autre vers le boisé et le fleuve. Le visiteur est invité à expérimenter ces 2 univers sonores contrastés.
Au sol, un marquage permet au visiteur de se positionner au point focal. Un trou au centre des paraboles l’invite à observer le paysage de l’autre côté et ainsi à positionner sa tête au point précis de concentration des ondes sonores.
Emmanuelle Loslier – architecte paysagiste Camille Zaroubi – architecte paysagiste Consultant pour le projet: Vincent Loslier – ingénieur civil
Emmanuelle Loslier et Camille Zaroubi sont tous deux architectes paysagistes et musiciens. Ils s’intéressent aux phénomènes naturels permettant le mouvement et le son dans leurs créations. Leurs installations mettent à l’œuvre des matériaux ou procédés locaux et s’animent grâce aux phénomènes naturels qui les insufflent. En mettant l’emphase sur la répétition, la symétrie, les séries et les récurrences, de l’infime particule au paysage étalé, les valeurs sensorielles du lieu s’amplifient et deviennent davantage perceptibles pour devenir totalement immersives.
Montréal, CANADA
HÄSSJA
On les aperçoit de loin – créatures inconnues et familières qui s’érigent dans le champ – semblant attendre. Elles captent la lumière du soleil et émettent une chaude lueur dorée. Le vent les fait bouger légèrement. Elles forment une constellation triangulaire, regroupées, sans jamais être trop près les unes des autres. Elles sont de la même espèce, mais chacune a sa propre forme, sa propre expression. Un élément de la nature s’est transformé en entité vivante. En s’approchant, on constate que cette entité est composée de millions d’objets distincts : des brins de foin. Tout près, on peut sentir son odeur franche et toucher la chair à la fois piquante et douce de sa structure. Puis, on y entre. La pandémie de la COVID-19 nous a beaucoup appris. Elle a mis en évidence notre éloignement face à la nature et à l’agriculture, ainsi que l’importance de la biodiversité. À l’échelle mondiale, un regain pour les méthodes traditionnelles et durables d’habiter notre terre émerge. Hässja est une installation basée sur l’un de ces arts presque perdus de travailler le sol : les structures de séchage du foin. Ces trois structures, faites à partir des plantes mêmes qui les entourent, ne sont pas uniquement éducatives; elles sont formées et disposées pour mettre en valeur les qualités inhérentes dont elles sont les héritières. Contrairement aux structures de séchage du foin habituelles, celles-ci sont dotées d’une chambre intérieure. Ce petit espace constitue un refuge contre le monde d’aujourd’hui, en plus de proposer une réflexion sur la relation de l’homme avec la nature et sur ses façons, passées et futures, d’habiter la terre.
Emil Bäckström – architecte Emil Bäckström est né à Östersund, en Suède, en 1985. Il a étudié l’architecture au Royal Institute of Technology, à Stockholm, à l’Accademia d’architettura, à Mendrisio, et à la Royal Academy of Arts, à Copenhague, au Danemark. Il a également fait des études en conservation architecturale au Royal Institute of Art, à Stockholm. Il a co-fondé Petra Gipp Studio avec Petra Gipp et Jonas Hesse en 2018, et dirige aujourd’hui son propre cabinet. Profondément enracinée dans la tradition des transformations matérielles, l’architecture d’Emil Bäckström fait toujours corps avec l’environnement qui l’entoure.
Stockholm, SUÈDE